It Came From Beneath/Morbid Feculent/The Walking Dead Orchestra/Prométhée
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Alors que certains médias de basse extraction tentent de donner une image de la musique rock- métal plus que sommaire et caricaturale, le concert du 18 Septembre à l'Ampérage prouve encore une fois que les hordes de zombie gothiques ont du coeur, le sens de l'altruisme et de l'acte citoyen en plus d'un organe vocal façonné au verre pilé... Galaxy Mad s'est associé à Emmaà¼s pour nous offrir l'occasion de racheter nos à¢mes vendues depuis déjà bien longtemps aux musiques du diable tout en fêtant la sortie du petit dernier de Walking Dead Orchestra « Architects of Destruction ». Une bonne action en plus d'une bonne occasion de travailler sa surdité précoce avec 4 groupes, rien de moins que ça!
It Came From Beneath ouvrent le bal ou plutôt l'arène au vu de l'ambiance « coup de poing retourné » qui règne dans la fosse, les Lyonnais semblant se déplacer avec leur crew histoire de se sentir chez soi de partout. Leur métal-core ultra-stéréotypé se prête plutôt bien à l'ambiance de gymnase qui règne dans la salle en ce début de soirée. De grosses mosh parts alternent avec des parties plus rapides et couillues, saupoudrée d'une grosse voix bien énergique au service d'un son ultra tight et percussif. Le combo n'est pas là pour tricoter des napperons, leur musique est dense, brutale, technique avec une grosse mise en place rythmique (merci Paul le poulpe derrière les futs!). Mais ces qualités indéniables trouvent vite leur limite devant une certaine monotonie des titres: structures téléphonées, voix monocorde, les ficelles du style sont tirées à qui mieux mieux mais sont déjà bien usées... Quelques arpèges distordus, trois pointes de mélodie à la guitare viennent à quelques reprises casser le schéma, donnant une idée de ce qu'aurait pu faire le groupe pour sortir de son carcan sylistique, mais ce ne sont là que quelques touches de couleurs sur un tableau qui tend plutôt vers le monochrome. Et ce ne sont pas les pyramides humaines ou le slam d'un écureuil volant qui nous empêcheront de penser que l'on a bien sué mais que l'on s'est aussi un peu emmerdé au final...
Morbid Feculent prend la relève et l'arrivée d'un synthé sur le plateau laisse augurer du pire comme du meilleur, magie de cet instrument dans l'arsenal métal... Le line up est plutôt très jeune et disparate à l'image de leur musique : du gothique, du néo métal-fusion, du hard-core et du classic métal... On va dire que le groupe fait dans le fusion death tout en n'étant pas sà»r qu'eux mêmes sachent ce qu'ils font... Si la recherche d'originalité est plutôt louable et marque une certaine ouverture d'esrpit, assez vite le groupe bute sur son plus grand défaut, son manque de maturité flagrant. La présence sur scène est anecdotique même si le bassiste occupe plutôt bien l'espace (et quand on en vient à remarquer le bassiste sur scène c'est vraiment qu'il y a un problème pour les autres musicos à de rares exceptions près...). Les compositions sont mal agencées, offrant quelques bons moments musicaux mais retombant le plus souvent à plat par des choix bizarroà¯des ou un manque de confiance pour aller jusqu'au bout de certains délires (le titre « Tarte au citron » qui commence comme du Death Kawa௠- cherchez pas je viens de l'inventer mais en même temps on voit tout de suite ce que c'est- nous sort un peu de notre torpeur par quelques sonorités originales mais revient vite vers du vu et archi vu ). Certaines parties se veulent pachydermiques mais ne restent que lourdes dans le mauvais sens du terme, les interventions du clavier qui auraient pu jouer le rôle de contre-point à une musique plutôt agressive tombent complètemet à l'eau par manque simplement d'une vraie musicienne derrière l'instrument. La section rythmique est plutôt bonne mais le style du groupe est complètement en roue libre et perd l'auditeur en cours de route. Au final Morbid Feculent (ou comment choisir un nom de groupe qui se veut extrême et malsain pour finir avec un nom passe-partout et complètement en décalage avec ce que l'on présente sur scène...) a des qualités ne serait ce que par son ouverture d'esprit mais encore bien du travail pour concrétiser ses ambitions.
La soirée continue avec The Walking Dead Orchestra, les locaux de l'étape qui profitent donc de cette soirée pour sortir leur premier « vrai » album. Le groupe bénéficie d'un à priori plutôt flatteur même si le line-up a récemment changé et l'on espère que la soirée va enfin enclencher la seconde et finir par décoller... Le public semble particulièrement impatient d'en découdre et les premiers titres du concert vont plutôt leur donner raison. Les Grenoblois imposent un death technique et solide, une musique en place organisée autour d'une batterie percutante et d'un jeu de grosse caisse omniprésent, le tout arrosé d'une présence sur scène certaine. Mais après quelques titres o๠le fossé qualitatif avec les groupes précédents joue plutôt en leur faveur c'est la soupe à la grimace. Le front man qui aurait tout pour être charismatique et concentrer l'attention se répète dans le fond et la forme. L'attitude est à l'américaine ce qui est plutôt positif si l'on n'avait pas l'impression que tout est un petit peu trop surjoué pour être totalement vrai. La voix est forcée, manquant de coffre et de nuances, le style n'est pas propice aux envolées mélodiques et aux variations de la glotte mais tout de même. Les compos se révèlent puissantes et bien exécutées mais sont souvent linéaires et répétitives, manquant d'une vraie volonté de composer et pas seulement d'enfiler les riffs et les pattern de batterie les uns après les autres. Impossible d'en détacher l'une de l'autre tant le tout est uniforme. Enfin le son manque de précision, la batterie est très en avant ce qui est plutôt normal mais les autres instrus sont totalement mangés et parfois aux abonnés absents notamment en ce qui concerne les guitares. D'un point de vue personnel le choix compréhensible d'une batterie triggée est symptomatique du groupe: une impression de puissance flatteuse les premiers temps mais qui relève assez vite de la posture et se révèle froid et artificiel.
Le dernier groupe va justement développer un contre exemple parfait de ce qui peut sembler manquer à TWDO pour se distinguer du peloton des groupes bons mais passe-partout. Les Suisses de Prométhée s'installent rapidement et dès les premiers coups de batterie donnés on sait que les choses vont tourner pour le meilleur. Un instrument au naturel, une frappe puissante mais variée et cherchant à surprendre en cassant les rythmes, les structures avec un sens du groove difficile à trouver dans ce style de musique. Le groupe est au diapason avec une présence très naturelle, sans artifices superflus pour un set qui va se révéler solide, énergique et rafraïchissant. On lorgne un peu plus vers le post-hardcore, un chant plus screamo, des structures et un son en général plus incertains et bruts de décoffrage. Le son est toujours assez brouillon et l'on distingue difficilement certaines parties mais l'énergie du groupe, son enthousiasme, son plaisir de jouer devant encore un public nombreux malgré l'heure tadive finissent d'emporter la donne. On sent une grosse cohérence dans le set présenté, tout est en place et à sa place, le groupe nous donne envie d'aller jeter une oreille plus attentive à ses compos, de les revoir en concert en ayant un peu apprivoisé leur son pour en profiter encore plus, bref on est content de les avoir vu et de ressortir de leur prestation lessivé et un peu chancelant... Au final, une soirée un peu décevante devant l'uniformité de la musique proposée par certains groupes. On regrette cette volonté de plus en plus présente dans les formations typées musiques extrêmes de vouloir « sonner comme » au lieu de vouloir simplement donner son interprétation d'un style et affirmer sa propre identité. Reste la volonté sans faille de chaque combo de s'exprimer dans un style pointu, sans faire de concessions ou chercher la facilité ce qui est déjà plus que louable!
Erwan
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