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JE ME SUIS FAIT UNE SOIREE ELECTRO (ENFIN PRESQUE)

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Mais qu'est-ce que j'ai encore foutu, bordel !

Je m'étais pourtant préparé une soirée au petits oignons.

Cela faisait un moment que je les voyais passer ces soirées electros, sans avoir  le courage d'y aller.

Mon grand âge et mon dos capricieux me prouvent chaque jour qu'il n'y aura bientôt plus qu'une issue pour me distraire musicalement, me retrouver à l'auditorium de la MC2, confortablement assis dans un fauteuil de velours, à écouter une chorale dirigée par Emmanuel Krivine.

Alors j'ai dit non.

Non, t'es encore jeune Xavier, vas-y, file te dandiner sous les beat de Marcel Fengler, bois deux redbulls et explose-toi les cervicales pendant le set de Inigo Kennedy et surtout, surtout…tu vas prendre de la drogue !!!

YEAH !!!! Ah, je vous le dis, j'étais chaud patate !!!

    Le mec qui m'a vendu les mini-mentos roses était un trader qui faisait ça pour arrondir ses fins de mois, sorte de parachute doré en somme. J'ai trouvé ça bizarre qu'un type en costard cravate et attaché-case me propose des amphétamines, mais bon. Enculé un jour, enculé toujours comme on dit.

-Combien t'en veux ?

-(J'ai vite réfléchis, 6 heure de set)…Vas-y, file moi en quatre.

-Heu, tu connais ces trucs ?!

-Mais bien sur !! Je vais en prendre un tout de suite avec mon kebab, puis une prise toutes les deux heures, comme les dolipranes.

-Mec, tu devrais faire attention quand même.

-T'inquiète, je suis pas né de la dernière pluie !

J'étais chaud bouillant. Moi et mon tacos qui peinait à trouver son chemin dans mes intestins, on volait littéralement sur le boulevard Joseph Vallier. Yeepah !!!! Dance floor nous voilà !!!!!!!!

    Et puis évidemment ça a buggé.

Sur le boulevard, j'ai rencontré ma copine Judith que j'avais pas vu depuis une éternité.

-Xavier !!! Qu'elle me dit.

-Hum… Ju…Julie…Judith !!!! que je lui ai répondu.

-Comment tu vas…blabla….ça fait un bail…blabla…trop content de te revoir…blabla…Qu'est-ce tu fais ?

-Je vais enterré ma vie de garçon dans une soirée electro et je te jure que je vais envoyer du lourd !!! Yeah !!!!!!

-Une soirée électro ? Un dimanche !?

-Mais non tu te trompes, on est samedi.

-Ha non, on est dimanche.

-On est samedi je te dis et je m'en vais voir Marcel Fengler !!! Youhou !!!!!

Et puis le fait est qu'on était bien dimanche…

Dans ma tête, une sorte de civilisation s'est écroulée. J'ai senti le bad trip venir par des picotements au-dessus des tempes, mes mains tremblaient, et plus aucun mot ne voulait sortir de ma bouche.

-Qu'est-ce qui t'arrive, ça va pas Xavier ? C'est pas grave, tu en feras d'autre des soirées electros.

-Mais tu comprend pas !!?!! C'était celle-là que je devais faire !! Non, il n'y en aura pas d'autre, c'est terminé pour moi ces conneries. Je suis trop vieux, je suis tout juste bon à écouter un vieux Bob Dylan les pieds au chaud dans mes charentaises. Non Judith, c'est fini tu comprends, je suis fini !!!!!

-Mais qu'est-ce que tu racontes. Bon, je dois y aller, je vais voir un concert à l'Eglise Saint Jean, tu veux venir avec moi ? j'ai une place pour toi si tu veux.

-Un concert ? A l'église Saint Jean !? C'est quoi ton truc ?

-Des chants Gospels, Juifs et Musulmans.

Le tacos a bien failli revendiquer un droit de retrait face à cette nouvelle. La substance qui coulait généreusement dans mes veines me souriait d'un air vicieux, j'étais mal. Très mal.

De toutes les façon, mes neurones qui ressemblaient à du chamalow grillé me laissaient pas vraiment le choix, c'était soit ça, soit j'allais retrouver Dora et Mary Poppins à la maison.

    Alors, je me suis laissé entrainer. Judith m'a pris par la main, l'univers autour de moi est devenu un savant mélange de l'Ile Aux Enfants et de Breaking bad. Casimir faisait les entrées, à la billetterie je me rappelle avoir fait rire tout le monde quand Judith m'a dit que sa maman chantait dans la chorale juive et que j'ai sorti : "Mais ! Judith, tu es juive !?!".

Façon De Funès.

J'ai laissé les papillons virevolter autour de moi et je me suis assis dans une soucoupe volante. L'église Saint Jean est sans doute un véhicule en panne, abandonné par une communauté intersidérale il y a quelques millions d'années.

    Celui qui a eu l'audace d'organiser cette soirée a commencé par un speech en adéquation totale avec l'état dans lequel je me trouvais. Il parlait très, très, très lentement.

"Merci…merci…un grand merci….d'avoir répondu…si nombreux,…à l'appel de l'amour. …L'amour des peuples, …l'amour des communautés, …l'amour des croyances aussi différentes soit elle."

"HALLELUJA !!!" Je ne sais ce qui m'a pris de crier comme ça, tout le monde s'est retourné et ma présence incognito a fondu en un clin d'oeil.

Il a continué, en paix.

"Un jour, un grand philosophe a dit : Je pense donc je suis ; et ce soir j'aimerais ajouter : je suis parce que nous sommes…et nous sommes…parce que je suis."

Applaudissement.

Moi, j'ai repris un mentos en me disant que la soirée allait être haute en couleur.

C'est la chorale hébraïque qui a commencé. Et c'était beau. Enfin c'était magnifique.

Entre les morceaux, le chef de choeur nous contait des anecdotes sur le compositeur, sur l'époque, sur l'histoire de cette religion ; laquelle, comme toutes les autres, est un puit sans fond de connaissances, de culture, de penseurs érudits, ce que j'oublie trop souvent.

Emprunt d'une béatitude sans nom, je laisse un mince filet de bave s'écouler sur mon menton et me vautre doucement mais sûrement sur Judith.

Les musulmans sont arrivés et ça a été un peu plus difficile pour eux. En fait, je devrais plutôt dire LE courageux musulman est arrivé, accompagné tout de même d'un joueur de clavier d'où sortait un son de Oud mal numérisé.

Je sais bien que l'Islam et la musique vivent encore une difficile cohabitation qui fait grand débat aujourd'hui. Et l'on donne malheureusement trop souvent la parole aux fondamentalistes. Pour la simple raison que ces fanatiques font vendre beaucoup plus de journaux qu'un honnête théologien barbu et barbant.

Ha on l'a entendu le fameux Imam de Brest racontant à des enfants que la musique c'est le diable…blablabla. D'ailleurs on a entendu que lui. En pointant du doigt à longueur de temps la caractéristique "anti-musique" de l'Islam, on attise le feu des disputes entre musulmans et occidentaux.

Comment en vouloir aux bouddhistes ou au musulmans d'avoir besoin de calme pour exercer leur culte, de rejeter toute forme de distraction de l'esprit. A bien y regarder, ils n'embêtent personne. Au pire je pourrais dire, tant pis pour eux. Et encore. De quoi je me mêle.

 Bordel, je ne sais pas ce qu'il m'a vendu l'autre gestionnaire de fortune mais je crois que je me suis fait arnaquer.

Sur scène, la chorale du vieux Rabbin a rejoint Khalid et j'admets être devant une scène surréaliste. Des juifs et des arabes ensemble, en train de chanter des chansons d'amour.

Tout ce beau monde est vite rejoint par la chorale gospel et je décide de laisser Judith au milieu de cette partouze de l'âme, car je commence à vouloir toucher un peu tout le monde. Rien de sexuel, rassurez-vous, mais cette satanée drogue me rend tactile à un point où je me dis que j'ai jamais autant touché de juifs et d'arabes en une soirée. Certains se plaignent et Casimir vient me le faire savoir. Je veux le toucher aussi mais il m'a vite mis dehors, moi et mes clichés réduits à néant.

Les trois jours qui ont suivi m'ont valu une bonne grosse déprime (c'est vraiment super la drogue !), je décide de ne plus quitter mes charentaises, de trouver un dieu qui écoute Bob Dylan et de l'adorer jusqu'à la fin de mes jours.

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J'AI PREFERE FAUVE A FEU ! CHATTERTON

J'AI PREFERE FAUVE A FEU! CHATTERTON

 

En plus, j'aime pas Fauve.

Enfin si j'aime, mais comme tout le monde je ne le dis pas.

Disons que je ne le dis pas devant tout le monde.

Vous me suivez ?

A la rigueur, si je croise, par hasard, quelqu'un qui aime Fauve et qui a le courage de me le dire, et bien je lui saute au cou en disant "Mais moi aussi putain !!!".

Mais ça n'arrive jamais.

Alors je le dis à ma femme quand elle s'endort. Au moment où elle me dit bonne nuit et qu'elle éteint la lumière, je compte jusqu'à 100 et je lui sors un discret : "J'aime bien Fauve". Et de loin, j'entends un : "quoi !?" auquel je réponds :"rien."

Non, à quarante ans on ne peut pas aimer Fauve. C'est pas raccord.

C'est pour cela que le grand complot Judéo-Arabo-Andalou mené par les traders de Wall Street nous ont sorti Feu ! Chatterton.

A moins que ça ne soit Donald Trump, bref.

Ils se sont dit, Fauve c'est bien mais c'est pour les jeunes, alors trouvons un truc pour les vieux.

Pas difficile de trouver un jeune chanteur maladif et des musiciens sortis diplômés d'une école de commerce.

Il faut juste qu'ils soient Parisiens et le tour est joué. Un musicien Parisien est plus facile à vendre qu'un musicien du Creusot. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça.

Tu leurs payes des bons instruments en leur indiquant que ce ne sont que des accessoires car de toute façon ils joueront en playback sur une musique composée par David Guetta.

Vous ne le savez pas, mais David Guetta est le grand compositeur du fameux complot Sino-Inuit-Argentin cité plus haut. Tout ce que vous entendez à la radio où à la télé, c'est David Guetta qui l'a composé. Si je vous jure !!! Ils changent juste les noms d'artistes pour que ça ressemble à de la diversité.

Pour le look, les musiciens n'ont pas trop le choix. Soit la chemise noire passe-partout ou soit le tee-shirt indémodable des années 80 ans aux couleurs psychédéliques. La barbe ayant déjà eu son heure de gloire, on rase tout le monde, sauf le batteur qui, lui, a le droit d'être ringard. Avec un instrument qui fait pok-pok, qu'on met sur scène juste pour la déco ; le batteur est généralement un ancien prof de maths reconverti, juste bon à envoyer le tempo depuis son métronome caché.

Ensuite vous prenez le chanteur comédien looser que vous avez remarqué dans une pub pour un dentifrice, vous lui flanquez un costard trois pièces et une moustache pour… Pourquoi d'ailleurs…? Ha si, pour qu'il ai l'air d'un Parisien qui se la pète et vous l'envoyez six mois faire un stage en entreprise chez les Républicains. Il apprendra tous les tics et tocs de Nicolas Sarkozy qu'il utilisera généreusement sur scène pour avoir l'air…habité. J'espère d'ailleurs qu'il ne s'en sert que sur scène car sinon, pour se verser le café le matin, ça doit pas être du gâteau.

Pour les paroles et bien c'est pas très compliqué, il suffit de prendre des mots, en ouvrant au hasard des recueils de poésie d'auteurs Russo-Albanais du début du siècle.

Ça donne à peu près ça :

"Heureux ceux partis dans l'ivresse, qui à jamais ne trahissent, du sommet de tes fesses aux profondeurs des abysses…etc…etc…"

Ensuite vient le matraquage médiatique. C'est très facile quand on fait parti du complot Bolloré-Inrock-Canal+-Télérama, on en met un peu partout, les journaux, les télés, les bus, les radios…

Et voilà, vous avez devant vous Feu ! Chatterton. Un groupe pour les vieux qui vous fait sentir jeune.

  Le truc qui cloche c'est les gens dans la salle…Ils avaient l'air de vraiment apprécier. Et ils étaient nombreux en plus ! Dés le premier morceaux, les cris et les applaudissements couvraient la voix du chanteur.

Je les ai regardé et me suis demandé comment ils pouvaient être aussi naif. Ça se sent à plein nez quand même que ce sont les Australo-Zairois menés par le club des Ardéchois Tranquille qui dirige tout ce cirque ! Et j'ai pourtant essayé de leur dire !! Hé ho réveillez-vous !!! On ne vous fait pas toujours écouter ce que vous avez envie d'entendre !!

Et puis ça saute aux yeux ! Fauve ; Feu ! Chatterton…Ça commence exactement par la même lettre ! Il faut pas être con non plus.

Non, y a pas à dire, heureusement que je vois clair dans les yeux de ceux qui dirigent le monde, sinon j'aurais pris du bon temps à écouter Feu ! Chatterton.

Je l'ai vraiment échappé belle.

 

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J'ai vu Les Chevals Hongrois après Souchon

J'ai vu Les Chevals Hongrois après Souchon :

 

 

Comité de rédaction de Back'n'roll :

-Si ! Je veux le faire !!

-Mais arrête Xav, pff…tu vas pas faire un article sur Alain Souchon, voyons…

-Si !!

-Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre de Souchon. C'est pas le genre de la maison. Réveille-toi Xav, houhou !!… c'est Back'n'roll ici, pas le Dauphiné Libéré !

-Je m'en fous, je veux le faire !!

- Ecoute, j'ai un autre truc pour toi. La ville de Seyssins organise les Chevals Hongrois dans une petite salle en face du Prisme, l'espace Victor Schoelcher. Vas-y faire un tour et ponds-nous un truc là-dessus !

-Les chevals Hongrois ?!

-C'est du rap.

-Du rap !? C'est une blague ! Tu sais bien que j'aime pas le rap français ! "Issu d'un peuple qui a trop souffert blablabla mes couilles" . Non, avec Souchon, y a du texte au moins.

- Allo maman bobo ?

-Mais c'est pas que ça Souchon pff..!! En plus c'est la tournée en binôme avec son pote au coeur grenadine là, je me rappelle plus son nom… ça sonne comme une marque de biscotte…

-Heudebert ?

-Mais non, bon laisse tomber, tu verras, je vais vous faire un papier du tonnerre !

-Ok, mais alors tu te démerdes. Ne comptes pas sur nous pour demander une accréditation.

 

Pfff, pas facile d'être un passionné.

Contre tout attente, je finis par vider mon compte pour m'acheter ma place. Rectification, je vide également mon livret A et me voilà à faire la queue devant le Summum.

Ça me rappelle de sacrés souvenirs.

La dernière fois que je suis venu ici, c'était pour les Pixies en 89. Ha non, après il y a eu Nirvana. Ha ! et puis Rage Against The Machine en 98. Et puis aussi New Model Army avec les Toy Dolls en première partie, putain c'était bon ça !

C'est vrai qu'il fut un temps où il y avait des bons groupes qui passaient par ici.

C'était avant Gad Elmaleh.

Je me fait placer par une charmante hôtesse à qui je propose ma vie en échange.

Par chance elle refuse, et je me rends vite compte que la salle est pleine à craquer.

5000 personnes. Vu du dernier rang, ça fait bizarre.

Autant de gens réunis dans un même endroit me fout toujours les jetons. Heureusement qu'ils sont là pour voir un concert. Imagine si c'était pour casser de la vaisselle, le boucan que ça ferait !

J'en suis là dans mes réflexions vitales lorsque je vois mon hôtesse revenir vers moi. Merde. C'est sur, elle a changé d'avis, elle veut bien de moi, qu'on fasse des enfants, qu'on vive heureux éternellement comme tout le monde, elle, avec son boulot d'hôtesse et moi avec le mien. Tiens, c'est quoi mon boulot au fait…? Pfff, je me sens palôt, je vais bien me sentir con à lui dire que je regrette, que mes pensées ont été plus vite que la réalité, et que non en fait je…

-Si vous le désirez, il y a une place de libre devant.

Ha ? C'est gentil merci…hum…mais je vais rester…heu…ici. La sortie de secours est juste à coté, et on ne sait jamais si il y a un attentat !! hahahaha !!!

Oups…absolument terrifiant de faire une blague comme celle-ci. Les gens à coté de moi me le font sentir instantanément. Ça veut dire que non, nous ne pouvons pas rire de tout.

Enfin pas des morts.

Moi, si j'étais mort, j'aimerais bien qu'on fasse des blagues de ce genre. Je suis sur que ça démotiverais tout de suite ceux qui veulent tuer. Faudrait qu'il trouve autre chose pour nous faire flipper. Par exemple, si on avait peur des bonbons haribo, et bien les terroristes nous canarderais avec des friandises. Ça serait tout de même moins sanglant.

Mais nous avons peur de la mort. Du sang. De la disparition… Et les djihadistes de sauter sur l'occasion. Sans jeu de mots bien sur.

J'ai quand même honte de me sentir si peu humain et les personnes autour de moi n'ont pas l'air très à l'aise. J'essaie de les rassurer en leur disant que j'ai été fouillé de fond en comble et qu'ils n'ont rien à craindre, mais ça ne marche pas des masses.

Ouf, le concert commence.

Et je m'ennuie direct.

Dommage.

Voir un vieux de 60 ans en jean slim chanter "J'ai dix ans", heu…comment dire…

Non, et pis ça sent la nostalgie à plein nez. Marre et archi marre de la nostalgie !! C'est bon quoi ! Moi, je veux rêver vers l'avant, pas vers l'arrière.

Je veux bien avouer qu'ils se débrouillent quand même pas mal sur certains morceaux.

Wasi-Wasa est un bon guitariste-mélodiste. C'est deux là sont sans nul doute les Lennon-McCartney français. C'est chiadé dans les harmonies y pas à dire. Et puis sur certain texte, comme par exemple "Et si en plus, y'a personne", pour un agnostique comme moi, là le Alain, il a trouvé les mots justes. Drôle et poignant.

Ouais, là ; ils m'ont touché je l'avoue.

Mais qu'est-ce que je m'ennuie…

Je décide donc de sortir mon sandwich aux épinards confectionné juste avant de venir alors que je me demandais qui pouvait bien décider d'organiser des concerts à 20h10.

Le problème avec les épinards, c'est la crème. Ça coule. Pourquoi, elle ne s'accroche pas aux épinards comme elle fait avec les tagliatelles carbonara ? Mystère.

Non, rien, ne s'accroche aux épinards. C'est une loi de la vie.

J'en mets donc un peu partout autour de moi, et comme je suis un garçon bien, je nettoie. Je demande à mes deux voisines si elles n'ont pas des mouchoirs en plus ; question à laquelle elles répondent qu'il faut que je me taise maintenant, ça suffit. Et surtout que j'arrête de bouger !

Hey, ça va la vieille ! Pas de ma faute si on est assis sur des sièges de 30 cm de large. Et puis a-t-on idée de regarder un concert assis ?!

Oui, mais ça dure trois heure.

Trois heure ?!

Une idée totalement incongrue me vient  alors à l'esprit, je vais me casser.

Mais voilà !!! Quel con de ne pas y avoir pensé plus tôt. Pas grave, si je me suis ruiné pour ce concert. Pas grave. Pas grave. Pas grave. Pas grave. Pas grave. Pas graaaaave !!!!

Je récupère ma caisse dans le parking trop petit en offrant une clop au mec de la sécu. Combien de temps tu vas rester debout dans le froid à garder des voitures vides ? 4 heures ?! Putain, cette société part en couille je vous le dit.

J'ai les nerfs en friture, pas question que j'aille me coucher alors ok je vais à Seyssins voir du Rap.

Bordel quelle soirée.

Comme j'ai pas voulu boire les bières du Summum servies par les filles les moins bien payé du monde vu la tronche qu'elles tirent, je prends quelques binches à la station.

Et ça me calme.

Un peu.

    Dans la petite salle de l'Espace Schoelcher je retrouve des lointaines proches connaissances, on s'hydrate copieusement et j'évite de dire d'où j'arrive. Le concert va commencer…Enfin est-ce qu'on appelle ça un concert quand sur scène il y un macbook et 2 micros ? Ben oui je suis de la vieille école moi. Et j'ai pas connu les mythiques sessions open-mic de la Grange-aux-belles.

A première vue, ils sont drôles. Drôles et motivés. Ils attaquent direct en faisant rimer "Martine Aubry" avec "Tartine au brie" et il ne m'en fallait pas tant pour me mettre dans leurs poches. Je suis étonné de ne voir aucune agressivité propre au genre ; "on va foutre le feu", "nique la police", "je t'emmerde la France sa mère la pute". 

Vous l'aurez remarqué, j'y connais rien au Rap français.

Je suis impressionné par le texte qu'ils débitent. Vous apprenez tout ça par coeur ?!

  Leurs gueules d'adolescents passionnés totalement à l'aise sur scène vivent les textes de l'intérieur. L'un hyper actif et l'autre en perpétuel rêverie lunaire, on éclate de rire, nous le public, à se faire traiter de centriste. Je fond littéralement à la reprise de Ta Katie Ta Quitté et le sample inespéré des pizzicatos violoneux des marquises de Brel prouvent qu'ils ont bon gouts.

Le BPM reste scotché à 90 et le DJ est habile sur sa turntable où le scratch renait de ses cendres. Oui, on n'entends plus de scratch, plus personne n'en fait !

Une bonne bande de pote à eux vient d'arriver et voilà que le micro passe de main en main pour une fin de concert totalement freestyle. C'est bon enfant et lorsque j'apprends que c'est depuis 2005 qu'il officie à faire des mixtapes à la pelle, tout ça dans l'artisanat la plus total, des émissions de radios ; tout un collectif qui apparemment savent passionnément occuper leurs temps libre, moi je dis bravo.

Merci les gars. Je crois que j'aime bien le rap du coup.

Le pauvre Souchon, devait encore se sentir Bidon et Jamais content au milieu des effluves de crème fraiche et d'épinards, mais qu'il se rassure, il sait à présent que les Chevals Hongrois sont là pour nous faire rêver de l'avant.

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J'ai survécu à un concert des Mountain Men au Grand Lemps.

"J'ai survécu à un concert des Mountain Men au Grand Lemps."

 

    Un truc de dingue. Une idée à la con, quitter la ville pour aller voir un concert. Pfff, n'importe quoi.

J'avais décidé en ce samedi 28 novembre 2015, de dépasser la barrière de péage de Voreppe, de quand même rester sur la Highway 48 (je suis pas fou non plus), et de m'enfoncer fébrilement dans les terres du nord.

Les terres froides.

Rien que de vous en parler j'en ai la chair de poule.

Un retour au moyen-âge. Des gens assis sur leur tas de patates à regarder les étrangers comme des voleurs. La culture de village se résumant à un bibliobus rempli de toute la collection Arlequin.

Et je m'arrête là car ensuite on atteint le point Godwin.

Bref, je m'attendais à voir des vieux bourrins tirer un corbillard quand j'ai pris la route départementale.

Mazette.

Ça a duré une éternité. J'ai calculé que ça devait être la distance Terre-Lune, environ.

J'ai même du traverser un village pour y arriver.

Colombes.

Personne.

Rien.

Je ne sais même plus si j'y ai vu une maison. De quoi vous colorer une peur en bleu.

Arrivé sur la place du village du Grand-Lemps ça s'est un peu compliqué. J'avais pas l'adresse évidemment. Sur Google Map ils m'ont dit "rue de La plaine."

Alors, le nom de la salle s'appelle La Grange ; adresse, rue de La Plaine.

Super.

Bordel, mais qu'elle idée j'ai eu bon sang de bois…

J'ai donc du m'arrêter au bar des Amis, sur la place du Château.

Pour parler aux gens, j'ai pris mon courage à deux mains et un accent un peu villageois que j'avais entendu à un spectacle de Pappagali.

Dans le bistrot, il y avait plus de verres de Ricard sur le comptoir que de clients dans la salle. Je m'essaie, de tête, à un calcul compliqué pour comprendre l'astuce, pis j'entends : "Rue de La Plaine ?! C'est au fond du couloir à droite ! Mouarff, hahaha..!!" (Rire général).

Heu…ben, bonne ambiance en fait, ici, du coup.

Heureusement, le patron a les yeux en face des trous et m'indique un chemin clair et précis.

A droite, Lidl, rond point, Gendarmerie, La Grange.

Merci bien ! Au revoir ! Non, je m'attarde pas, je suis déjà en retard, une prochaine fois !

En fermant la porte, j'entends au loin : "Ha c'est gens de la ville…toujours…"

Pas entendu la suite.

Donc le Lidl, la gendarmerie…et…

Un Zénith.

Flambant neuf.

Je ne sais pas si c'était le fait qu'il n'y ai rien autour, mais devant moi, un bâtiment gigantesque. Genre à l'intérieur, on aurait pu y organiser les 24 heures du Mans.

J'apprendrais plus tard qu'on fait tout là dedans. Gymnase, crèche, école, église, Mairie, Intermarché et salle de concert donc.

Je paie mon dû à une petite mamie bienveillante qui me propose également une part de son quatre quart délicieux et me voilà dans la salle.

Pleine.

Pleine à craquer, comme dans une BD de Tintin.

    De 7 à 77 ans. Des gosses qui courent partout, des vieux en pleine méditation pré-purgatoire, des couples de jeunes beaux, des motards, des conscrits proches du coma éthylique, un enterrement de vie de garçon, la buvette battant son plein, des parfums, des habits du dimanche fraîchement repassés… La fête.

    Comme Fleur Pélerin je me tape la première partie, Cincinnati Slim ; un bon chanteur qui comme son nom l'indique, vient de l'Ohio ; et, qui, avec son band, nous a gratifié d'une belle prestation dont je n'ai pas grand chose à dire.

    Tous ceux qui ont vu les Mountain Men savent de quoi je vais parler à présent. De la vrai magie. Osmose totale. Deux personnes sur scène qui se complètent comme une bière et une clope, comme un Saint Félicien et un Châteauneuf-du-pape, comme une pelle et 30 centimètre de neige devant la porte.

Même eux n'y sont pour rien. Ils ont juste eu l'intelligence et le talent de donner suite à leur première rencontre.

     Leurs interventions entre les morceaux est un sketch à lui tout seul. L'harmoniciste, rêveur et poète, toujours un truc important à dire pour sauver le monde, n'a malheureusement pas la morphologie buccales pour les exprimer. A trop souffler dans ces instruments, il en oublier que la langue n'est pas fait QUE pour boucher les trous d'un harmonica. Ce qui fait qu'on ne comprend pas tout ce qu'il dit, juste l'essentiel. Cela rend l'affaire d'autant plus charmante.

    Assis à coté, le chanteur guitariste à une mission. Celle de faire le lien entre la scène et le public. Et, coûte que coûte, même s'il doit y laisser sa vie, il y arrivera.

C'est un peu le Rocky Balboa de la chanson. Oui, on le sent capable de boire sept oeufs crus avant de monter sur scène pour arriver à être au meilleur de lui-même. Avec sa tête de Roi Sparte et sa carrure de guerrier, on a bizarrement pas d'autre obligation que de l'écouter quand il chante. Le bout de bois accordé qu'il tient dans les mains n'a qu'à bien se tenir.

    Il n'est pas uniquement question de Blues dans leur répertoire. Les Mountain Men font de la chanson folk, pop, rock à inspiration anglo-saxonne, et lorsque l'on écoute "Moving Forward" ou "13", sur leur dernier album, on comprend également les influences Metalurgique du chanteur.

Brillant dans la douceur, prouvé par des compositions comme "Gonna Waltz" qu'à ma grande déception ils n'ont pas joué, l'apothéose du poil dressé et de la tête sur l'épaule du conjoint arrive avec la reprise de "Georgia on my mind" vocalement totalement maîtrisé où le solo d'harmonica finit par asseoir tout le monde. Des applaudissements qui dureront cinq bonnes minutes à l'issue du morceaux nous feront sentir une petite brise dû au soupir de satisfaction venant directement du paradis où repose Genius.

    Ne manquant pas de bousculer leur public, ils arrivent finement, à leur expliquer qu'à force de regarder BFMTV ou La Nouvelle Star, on devient très très très con. Rires aux éclats mais le message est passé.

Moi, je me dis que c'est pas vraiment leur faute à tous ces gens, c'est pas eux qui mettent les bouquins dans le bibliobus. Et puis il est loin le temps ou des Brel et des Brassens faisaient 360 concerts par an, n'oubliant aucune des salle des fêtes de ces villages reculés. C'est vrai qu'entendre "C'est gens là" ou "mourir pour des idées" devaient en faire réfléchir plus d'un. Mais voilà, la TNT a remplacé ce spectacle vivant et les trop fiers artistes d'aujourd'hui ne se déplacent plus que dans les grandes villes où le nombre élevé d'habitant rempli plus avantageusement les caisses des métiers du spectacle.

    A regarder leur tournée qui n'oublie absolument pas cette belle population rural, j'espère du fond du coeur que les Mountain Men feront des bébés, et que les artistes qui ont un tant soit peu de succès, ne se réfugieront pas, comme d'habitude, dans un placard d'une grosse maison de disque sans coeur, mais joueront plutôt la carte de l'artisanat et des valeurs humaines. Etre militant se résume à pas grand chose si je comprends bien.

Et à voir les sourires des gens en sortant de la salle, il est sûr que le lendemain matin, tous les habitants du Grand Lemps partageront sans nul doute leur récolte de patates.

    Moi de mon coté, je suis retourné au Bar des Amis, qui portait bien son nom d'ailleurs. J'ai pas résolu la subtile équation mathématique du nombre de verres avec le nombre de clients, mais une chose est sûr, quand je vous ai dit avoir survécu à cette soirée au Grand Lemps, et bien je vous ai bel et bien menti.

 

 

 

 

 

 

 

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Décibelles, belles, belles, comme le jour.

« Non mais c'est quoi cette musique de Satan ? On dirait qu'on frappe un sac de petits chatons ». Voilà en substance ce qu'a hurlé ma copine cet après­midi lorsque j'ai commencé à écouter Sleep Sleep de Decibelles. Un album qui m'en rappelle d'autres. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est la version pop des Coathangers. Pas seulement pour l'aspect féminin de la formation, mais aussi pour le son, cette approche un peu punk de la chose et cette volonté absolue de chanter faux.

Il est vrai que la qualité sonore n'est sûrement pas le but recherché et le groupe souhaite plus secouer nos popotins que ravir nos oreilles. Et ça marche. Pourtant, Baloo à poil dans la jungle nous donnerait presque envie de nous caler tranquillement au bord d'un lac, un jour d'été ensoleillé et Clouds incite à la balade nocturne, lorsque les étoiles scintillent, haut dans le ciel. Mais le reste de l'album déménage un peu, tout du moins rythmiquement. Techniquement, ça tourne bien et la batterie est sacrément carrée. Ca tape sec, et les rifs sont tranchants. Mais à moins que mon matos son ne soit totalement hors d'âge (probable, mais pas trop non plus, soyons honnêtes), c'est quand même pas génial. Tout semble un peu brouillon, et le rendu fait un peu crado.

Alors oui, le jeu de mots – Décibelles ­ est magnifique, mais c'est aussi le pseudonyme d'une actrice porno un peu cheap. Mais si, vous voyez forcément. Le genre d'actrice aux cicatrices de furoncles sur la fesse gauche et qui vous obnubile lorsque vous regardez une de ses vidéos. Eh bien, la production de cet album, c'est un peu la marque de furoncle : il se passe d'autre chose autour, et pourtant on ne pense et ne voit que ça. Et forcément, on finit par débander.

En fait, comme je le disais en ouverture, ou presque, ça m'a surtout donné envie de réécouter The Coathangers. Après, si l'on cherche bien, il y a un truc et quand le groupe se sera émancipé de ses influences, trop lourdes pour l'instant, de très bonnes choses pourront sortir. La plus belle réussite est finalement le premier titre, celui qui se rapproche d'ailleurs le plus de ses aînées ­ c'est étonnant, car il envoie la sauce et ne fait pas seulement semblant. Mais le reste de l'album, ça hurle, ça fait beaucoup de bruit, et ce n'est pas très puissant. Après la première écoute, et juste avant la seconde, on se rend compte que ça agace rapidement, et que l'on n'est pas très motivé à appuyer de nouveau sur play.

 

 

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J'ai interviewé Stromae au Ciel

Oh putain le cauchemar ...

Oh bordel de shit, le réveil en sueur à 4 heures du mat ...

Oh putain ...merde.

Tout semblait normal pourtant. 

Je me réjouissais du concert de ce soir dont je devais faire les interviews et le report. 

Le plateau annonçait Lail Arad, une folkeuse Londonienne à la douceur redoutable et puis Lady Leshurr, petite bombe hip-hop en résidence au Ciel depuis une semaine.

Le programmateur de cette petite salle de 180 places assises nous avait toujours habitué a du pointu, mais là...comment...dire, je passais carrément de Marc DiMarco à Snoop Dog, version beau sexe.

En marchant dans ce froid si sec propre à Grenoble, je me disais que j'avais de la chance de vivre ici. Sincèrement, je me plains souvent mais pouvoir me retrouver dans une petite salle, à voir des groupes qui déchirent, des groupes plus originaux les uns que les autres, ceux que l'on n'entend pas à la radio et vous font vibrer sans strass ni paillettes, ceux qui sont à la base de tout et que les grandes stars pillent sans retenue. 

Et je savais, en plus, que j'allais payer ma place pas trop cher. L'un des nombreux avantage d'un équipement de service public où j'ai mes billes du coup. 

C'est lorsque je suis arrivé en vue de l'entrée que j'ai senti quelque chose clocher. Ce n'est pas la foule qui patientait dehors, ça j'y était déjà habitué ; c'était plutôt les grandes banderoles TF1 et RTL2 qui avait remplacé celle de radio Campus. La porte de derrière était gardée par la régisseuse du lieu, qui me connait assez bien pour l'avoir ouvertement dragué à plusieurs reprises quand mon taux d'alcool me le permettait. Elle ne m'a évidemment jamais pris au sérieux et lorsque la dernière fois, ivre une fois de plus, je lui ai sorti : "T'as qu'à pas être trop bonne !! " J'ai senti dans son regard que le bouchon que je venais de pousser avait dépassé une limite qui sentait le Hammer-Kick a plein nez. 

Lorsque je lui ai dit que je venais pour l'interview, elle m'a lâché un "dégage de là, la con de ta race." ; "Quoi !? Mais qu'est-ce tu racontes, Vanessa ? Je viens pour l'interview !!!" ; "Dégage connard !! ".

Hum...J'ai mis ça sur le dos de mes antécédents de gros lourd et me suis carapaté fissa vers l'entrée où j'étais sur que Laurent Simon, le programmateur, allait démêler cet imbroglio diplomatique. 

Quelle ne fût pas ma surprise de voir à côté d'un distributeur de RedBull, un personnage en costume Armani, fine moustache de dandy péruvien et montre en or 24 carats me répondant d'un air sec : "Ce soir c'est Stromae, t'as deux minutes pour ton interview, ensuite tu te barres car c'est complet".

-"!!!??!!! Laurent ?! c'est bien toi ? Mais !! Qu'est-ce que tu me racontes ? Et c'est qui tous ces gens en cravate ? Mais Laurent !! Hohohoho réveille-toi !!!! Elles sont où Lail et Lady Leshurr ? Je viens pour l'interview, tu te rappelles ?

-Ecoute, j'ai pas le temps, si tu veux te plaindre, tu appelles demain Universal au 082223242566, t'appuies sur 2 après la petite musique, ensuite tu patientes 15 minutes, après t'appuies sur 4, une courte pause, étoile, une longue pause, puis t’enchaînes rapidement 5,6,7,2 et si tu as bien tout fait comme je t'ai dit tu devrais avoir quelqu'un au bout du fil...

-Mais, Laurent ?! 

-Tu dégages maintenant sinon j'appelle Vanessa que tu as croisé tout à l'heure. Et puis m'appelle pas Laurent, dorénavant c'est Monsieur Simon.

-... !?!!

Bon. Hum...comme je ne déteste pas Stromae, je fais donc comme si de rien n'était et j'y vais. Et j'ai déjà ma première question : 

"- Mais qu'est-ce tu fous là !!?

- Xav ?

- Qu'est que tu fous là bordel !!?!

- Ho Xav, ça va pas de me parler comme ça ?

- Hein !? Quoi ? Ha mais ! On est où là ?

- Dans notre lit et j'aimerai bien dormir !! 

- Ho merde !!! Vite faut que j'appelle Laurent Simon.

- Qui ça ? Mais qu'est-ce que tu racontes, il est 4 heures du mat !!!

- Si si, c'est très important ! "

J'étais paniqué. Evidemment, il ne m'a pas répondu. J'ai tout essayé, envoyer des messages, j'ai même failli faire le 15, mais rien du tout.

J'ai vraiment commencé à avoir peur et puis je suis allé voir sur internet pour glaner quelques infos. Et j'ai tout de suite compris mon cauchemar prémonitoire. L'Etat avait retiré plus de la moitié des subventions de la salle. Donc, l'Etat, sans me demander, a décidé tout seul, qu'en somme, l'argent que je lui donne chaque année n'irait plus dans la diversité culturelle. Ohhhh !!!! Mais c'est ma tune bordel!!!!!!!! 

La culture sera donc bientôt gérée par des entreprises privées qui nous feront voir ce que l'on devra acheter, c'est à dire, toujours les mêmes choses. S'en suivra un appauvrissement culturel certain, mais tout de même, un quintuple disque de diamant pour Patrick Sébastien et son nouveau tube "une petite pipe avant d'aller se coucher".

Blurp...ouais, j'ai un peu la gerbe aujourd'hui. 

 

 

Vous pouvez aller voir les 3 derniers concerts de la saison au Ciel et accessoirement participer au sauvetage de ce lieu original. 

Merci pour eux...Heu non, pour nous tous en fait.

https://www.weezevent.com/abosoutienr2c

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Nadj, j'ai pas laissé tomber le financement participatif.

Ha non parce que là, faut qu'on arrête.

Faut qu'on arrête de descendre en flèche toutes les bonnes initiatives qui nous entourent.

Pour certains bloggeurs, il y a comme une sorte d'ennui total vous trouvez pas ? 

Une recherche effrénée de scoops, un certain appât du gain. Comme si ces crasseux geeks ne vivaient que pour un éternel besoin de reconnaissance, aigris par leur incapacité à faire des choses et qui passent leur temps à défaire celles des autres. Peu importe qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Cette semaine, c'est le crowdfunding qui est passé à la moulinette de certains blogs.  

Vous savez le financement participatif. A la base, le concept est super intéressant. Comment brasser de l'argent sans l'aide des banques. Ha oui bravo !! J'adore !!!

Inventé par les petites gens il y a fort longtemps, ce système marche très bien aujourd'hui notamment grâce à internet où le peuple a encore (presque) tous les droits. 

Il permet, à qui le veut, de participer financièrement, avec contrepartie ou non, à des projets culturels, scientifiques, sportifs et j'en passe. Le tout mené par des passionnés particuliers qui se doivent, de part leurs idées, faire du bien à ce monde vacillant car sinon, pas de financement. 

Bah oui, je veux bien donner mais je suis pas con non plus.

Alors ? 

Il est pas génial ce système ?

Adieu les banques et vos demandes de crédit à la con, hahaha, niqué, héhéhé, on vous a niqué hahahahah...haha...héhé...hum.

Et même si des personnes mal intentionnées, celles qui gèrent certaines plateformes de récupération des fonds, ont décidé d'en faire du business et pillent littéralement les contributeurs avec leurs pourcentages exubérants ; il reste toutefois, dans ce milieu, des bonnes âmes prouvant que les bons ne sont pas tous mort et que les êtres cupides qui peuplent cette terre n'ont qu'à bien se tenir car ils finiront par se faire éclater les couilles un jour ou l'autre. Pas la peine d'applaudir, c'est tout à fait normal.

Alors pour donner des exemples concrets, il y a un mois j'ai pu donner 5 euros à ma petite cousine Ophélie, jeune danseuse de 12 ans, qui demandait 50 euros, le prix de sa robe pour son spectacle de fin d'année.

J'ai également donné 9 euros à Armand de la Ferté-Saint-Aubain, artiste méconnu, qui a fabriqué une statue de Marine Le Pen en pneus hiver usagés et m'invite en contrepartie à la destruction par les flammes de son oeuvre le 3 août prochain.

Je vais également donner 15 euros au moins à la fabrication d'un coffre à piano pour Marieke qui s'est lancé dans un projet, un peu taré il faut le dire, de faire le tour du monde avec un piano dans une barque. Un musicien qui rame, l'image me semblait assez logique pour participer.

 Donc, si tout ceci ne t'intéresse pas, toi le geek pré pubère sus-cité qui, pour se donner une constance, se donne un malin plaisir de traîner dans la boue des projets qui sentent si bon la paix et l'amour ; tu passes ton chemin. C'est assez simple sur la toile, faut juste pas cliquer. Compris. Oui voilà, en fait tu dégages et tu nous fous la paix. C'est ça. Va finir tes études tu en as grandement besoin. Personne n'a besoin de toi ici !! Surtout pas Ophélie et Armand en tout cas.

 

Et Nadj encore moins.

Ha oui parce qu'on est sur Back'n'roll quand même. Vous croyiez tout de même pas que j'allais vous parler de tutu et de pneus crevés indéfiniment. 

Nadj, ça vous dit quelque chose ? Une fille à guitare qui sent le soleil à plein nez. 

Si évoquer QOTSA ou Woven Hand te donne une furieuse envie d'enfoncer ton casque audio jusqu'au sacrum (hum, oui ça fait un peu loin quand même, vas-y doucement), continues de lire ces lignes car tu vas pouvoir participer à la plus grande aventure musicale du siècle. Tiens, qu'est-ce qui me prend a parler comme une bande annonce de blockbuster ?! Au secours !!!! Ça y est je deviens un geek !!!!

Donc Nadj a déjà fait quelques albums bien sentis, un milliard de chansons géniales inconnues de tous, pis voilà ; y a du monde sur la toile maintenant. Et pas que du beau jusqu'à ce que les ténors de la production musicale arrêtent de payer rubis sur ongle des développeurs de promo abusives.

Vous le savez, aujourd'hui, faut fouiller pour la qualité. Donc oubliez les bons. Mise en avant des mauvais et en avant la médiocrité !!

Si vous lisez ces lignes, vous savez de quoi je parle. Vous savez où se trouve Clisson, vous connaissez le mot acouphène et le nombre onze n'a pas de secret pour vous. En résumé, vous savez ce qu'il faut faire et qui il faut aider pour que ce monde tourne un peu plus rond.

 Nadj a trouvé des chouettes gars pour réaliser son prochain EP.

Il Teatro Degli Orrori.

Ils font pas semblant ces ritals. Ça envoie du gros, du gras et du lourd. En bref de la grande qualité.

Et cerise sur le gâteau, on peut participer avec le système de financement "désintermédié" expliqué plus haut. 

Heu... Faut que je réexplique ?

Non, bon. Donc, pour résumer, si vous cliquez sur le lien si dessous, sans doute que les portes d'une vie meilleure s'ouvriront à vous.

Enfin, moi, ça me l'a fait.

 

http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/nadj-nouvel-ep-4-titres-en-francais

 

https://www.facebook.com/pages/NADJ/324790306375

 

https://nadj.bandcamp.com

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J'AI BOUFFÉ DANS LA CUISINE DE L'ENFER

Marre et archimarre des clichés sur la Suisse qui occultent tous les talents que l'on peut rencontrer dans ce pays. 

 

Banque, chocolat, fromage, coucou… Bordel, on a rien d'autre à foutre. Si notre historique jalousie pécuniaire franchouillarde ne nous empoisonnait pas la vie, on prendrait sérieusement du bon temps a aller voir du côté des Suisses. Mais voilà. Ils sont riches, nous sommes pauvres. Enculés.

Pourquoi donc les seuls qui ont pu réellement traverser la frontière sont Stephane Eicher et les Young Gods ? On a un sérieux problème en France. P'tête qui faut qu'on aille consulter.

Si vous aviez été a la soirée vernissage du dernier album des Hell's Kitchen à l'Usine à Genève, vous auriez été guéri. A jamais. Déjà, l'Usine abat de deux balles de chevrotine tous les clichés que l'on peut avoir sur la Suisse. Sincèrement allez-y voir.

A la base, grand fan de blues, les Hell's Kitchen ont vite été déçu de ce que les blancs avaient pu en faire. Le travail de "déclaptonisation" du blues entamé dés les débuts du groupe me plait toujours autant. Et si leur première démo, empruntait allègrement à Robert Johnson ou Skip James, ils ont en quatre albums imposé un son qui ne tient qu'à eux. 

J'ai même envie de dire que Hell's Kitchen n'est absolument pas un groupe de blues. Quand ils ont rencontré le diable au croisement des routes entre Thonex et Puplinge, qui leur proposait de savoir jouer la musique en échange de leurs âmes, ils lui ont fait un gros doigt qui n'était pas mineur.

Le diable est blanc tout comme Dieu est noir.

Mais pourquoi je parle de ça. Il n'est absolument pas question de ce genre de choses dans leurs albums. 

C'est entourés de fidèles amis, tel Sartain (l'un des meilleur ingénieur du son que ce monde est connu, parti beaucoup trop tôt), tel ce mystérieux TVO présent sur tous les disques, ou encore de David Weber, ami de longue date ; qu'ils enregistrent dans leurs cuisines, abreuvés de bons vins, de bonnes bouffes et de Williamine.

Si vous êtes des gens modernes, geeks abreuvés par Deezer, quatre albums vont sûrement vous faire peur. Mais je vous assure. Il n'y a absolument rien à jeter sur ces quatre disques.

Ecoutez "Gige" sur The Big Meal, le premier. Ou encore "My House" ou "Lumfo", sur Doctor's Oven. Ce deuxième album où le mixage du génie Sartain est une épopée en huit volumes. Mr Fresh sorti en 2009 a eu du mal à prendre sa place tellement nous n'étions pas encore rassasiés de Doctor's Oven. Pourtant, au hasard, une balade comme "Flowers" prouve sans ambiguité que cet album est important.

Bam ! Dress To Dig en 2011 co-produit par Rodolphe Burger, avec son tube "Teachers" qu'évidemment aucune radio n'a passé pour cause de quoi vous savez.

Et enfin, ce nouveau disque Red Hot Land. Encore une étape franchie avec justesse, où on les sent détendu, où chacun a parfaitement trouvé sa place dans ce trio. 

A l'écoute, on veut chanter, danser, taper du pied et finir cette bonne vieille bouteille de rhum. Créateurs reconnu de pure single, on pense écouter la perle avec "Since I was a Child" et puis c'est "I Wanna Be The One" qui prend le dessus, et ensuite "Hey Ho Chica" qu'on écoute amusé. 

Et même si le vieux rabat-joie que je suis peut être déçu par le côté plus brut, plus acoustique de la production quand on a adoré la déflagration sonore auquel ils nous avaient habitué, ce nouvel album est un peu comme le vin naturel ; le goût est étrange au début mais l'ivresse est bien plus agréable et la gueule de bois inexistante. 

 

Bon, si vous ne me croyez pas, vous pouvez aller vérifier tout cela à La Source à Fontaine. C'est le 15 novembre 2014 aux alentour de 21 heures. 

http://lasource-fontaine.eu/joy-hells-kitchen/8907/

http://www.youtube.com/watch?v=Y3VN9areJZE#t=16

https://moijconnais.bandcamp.com/album/mjcr028-red-hot-land

http://darksite.ch/hells-kitchen/wp/ 

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J'ai été habité au concert de Jull

C'était le 28 février 2014 à la Bobine.
Je m'en rappelle comme si c'était hier, ou avant-hier, ou tous les autres jours d'avant ça n'a pas vraiment d'importance.
Autant de beautés restent gravées dans le crâne à jamais et c'est bien ma veine.
Le seul problème est que j'en suis devenu juste un témoin isolé et sans lendemain. Comme l'étoile filante qu'on a « tutoyé », qu'on est seul à voir et qu'on aimerait tellement faire partager.
«-Mais je te jure !!! Je l'ai vu !!!
-Arrête tes conneries, il n'y a pas d'étoiles filantes en février. 
-Mais si je t'assure !!! A coté des ruines là, juste au-dessus du petit arbre !!
 -Allez vient on rentre, il pleut, je me caille, c'est moche.
-Mais non justement !!!!...pfff... »
Ouaip, faut toujours s'accrocher pour prouver qu'on a vu la beauté.
Alors que la grande misère du monde c'est beaucoup plus facile. Elle est là. Tout de suite à portée de main. Des cris, du sang...Ça saute aux yeux.
A la fin j'ai même l'impression que ça m'excite...Sexuellement j'veux dire.
Oui, bon.
Avec la beauté et la poésie, c'est plus laborieux.
Bizarre.
Elle est là pourtant. Faut juste arriver à lâcher ce qu'on est en train de faire. Lâcher ce qu'on a dans les mains. C'est très facile quand on a compris le truc.
Mais non.
"Dis moi Jull, qu'est-ce que c'est que cette histoire de branches d'arbre qui semblent fouetter les nuages?!? Et puis cette pluie qui tombe et qui passe à travers les feuilles rouges qui s'agitent et dont le goutte à goutte nous réunit!!? Je crois que tu t'es planté là! "
Vous n'entendrez pas Jull à la radio. Sauf si vous avez la bonne idée d'aller voir du côté des radios associatives.
Vous aurez surement du mal également à trouver son disque. Peut-être qu'en cherchant bien...Oui là, juste en dessous de ma chronique, il y a un lien. Il suffit de lui envoyer un petit mail.
Et si il vous arrive d'être déçu en écoutant le disque. Si vous vous dites: «n'importe quoi l'autre qu'écrit dans Back'n'Roll !!». Sachez qu'enregistrer un disque coûte un peu d'argent, et quand on est un ouvrier de la musique, on fait avec ce qu'on a. «L'indulgence est la porte d'entrée à toutes les voluptés». (Oui bon ça va ! Elle est de moi celle là.)
Non, la seule chance d'être pleinement ému, de capter la générosité des guitares, de s'enivrer de textes mystérieux soutenus par cette rythmique de vieux coquins ; c'est d'aller le voir, lui et ses acolytes, en concert.
Malheureusement, je crois qu'on va devoir faire comme avec notre opinion. Vous savez celle qu'on doit écrire sur un petit bout de papier, en faire une boulette, et la déposer délicatement dans notre rectum.
Il y a pourtant plein de salles de concerts. Plein de festivals l'été. Pff.. Mais que font les programmateurs!?
 - Allo ? Qui ça !? Jull ?! ... Ha oui, j'ai bien reçu votre mail d'il y a 15 mois, et j'allais y répondre justement. Ne soyez pas trop pressé tout de même. Dans notre milieu c'est pas du tout comme ça que ça marche.. Comment? Est-ce que j'ai écouté votre album? ...heu...bien sur...hum...et je l'ai trouvé d'ailleurs un peu trop...enfin...disons que sur la fin...il y a comme un je ne sais quoi de...bref, vous voyez ce que je veux dire? Et puis vous programmer aujourd'hui, comment dire, c'est un peu prématuré vous trouvez pas ? Il est sorti il y a combien de temps votre disque ? Il y a 15 mois ?! Ha d'accord, donc vous avez pas de presse rien du tout. Bon, ben voilà, c'est vite réglé cette histoire car comment je vais faire pour remplir ma salle. Une première partie ? Ha ben vous êtes pas gêné vous !? Non, ce que je vous propose c'est de me rappelez quand vous aurez des nouveaux morceaux, voir un nouveau disque, oui voilà d'ici deux ou trois ans et on verra ce qu'on peut faire. Et surtout n'hésitez pas à nous tenir au courant !! A + !
Alors la prochaine fois Jull, tu me le passes et je lui expliquerais comment, le 28 février 2014, j'ai vraiment été habité à ton concert.

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Reste couchée ma chérie je vais chercher les croissants

Vous qui lisez ce texte, vous savez que je ne suis pas objectif. D'ailleurs le sommes-nous vraiment (?), comme nous n'avons pas l'intention de disserter sur le sujet, je l'affirme je ne suis pas objectif !
En écoutant le dernier Lofofora, je savais déjà que cette chronique risquait d’être positive. Non pas pour une simple question d’être un fan, non pas pour avoir lu de bonnes chroniques mais pour le simple fait d’avoir suivi l’élaboration de ce nouvel opus. De la préparation à la sortie avec les photos de l’enregistrement, les extraits sonores, le clip qui annonce la sortie de ce nouveau Lofofora, tout cela nous a permis de commencer à nous faire une idée de cette « épreuve du contraire » avant sa sortie, l’attente des nouveaux morceaux comme l’attente du prochain épisode de votre série préférée.
Nous connaissions déjà «L’innocence», «Pornolitique» et le single «Contre les murs» qui forment l’ouverture de «l’épreuve du contraire». Et cela fait du bien de pouvoir se raccrocher à ces textes connus et rentrer dans l’album. Lofofora c’est obligatoirement plusieurs écoutes, la première pour la découverte, les suivantes plus attentives pour saisir tous les textes. Lofofora c’est un des derniers groupes avec des paroles, alors on en profite pour écouter.
Lors du précédent album j’avais interviewé Lofofora et je leurs avais demandé s’il y avait encore des choses qui énervaient Lofofora, Reuno m’avait simplement demandé de combien de temps je disposais ! La rage est toujours là ! En lisant les titres «Romance» et «Chanson d’amour» j’ai eu une petite sueur froide en me rappelant «vice et rale». Je n’ai pas été déçu en écoutant cette romance toute particulière et cette chanson d’amour, je le répète : la rage est encore là…
L’amour, la mort, l’hypocrisie, la dépression, l’amitié, le travail, les injustices, les cons, la vie encore une fois passée au crible dans cet album qui est dans la ligne du précédant, très travaillé. Et même si la dernière parole est tournée vers le futur plein d’optimisme et «qu’à nouveau nos yeux s’émerveillent » je garderais le fait que «question d’honneur Lofofora garde la haine et les cross». Un album que l’on a attend sur scène, à bientôt Lofo !

Lofofora
L'épreuve du contraire
label Athome , sortie le 15/09

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