J'ai été habité au concert de Jull

C'était le 28 février 2014 à la Bobine.
Je m'en rappelle comme si c'était hier, ou avant-hier, ou tous les autres jours d'avant ça n'a pas vraiment d'importance.
Autant de beautés restent gravées dans le crâne à jamais et c'est bien ma veine.
Le seul problème est que j'en suis devenu juste un témoin isolé et sans lendemain. Comme l'étoile filante qu'on a « tutoyé », qu'on est seul à voir et qu'on aimerait tellement faire partager.
«-Mais je te jure !!! Je l'ai vu !!!
-Arrête tes conneries, il n'y a pas d'étoiles filantes en février. 
-Mais si je t'assure !!! A coté des ruines là, juste au-dessus du petit arbre !!
 -Allez vient on rentre, il pleut, je me caille, c'est moche.
-Mais non justement !!!!...pfff... »
Ouaip, faut toujours s'accrocher pour prouver qu'on a vu la beauté.
Alors que la grande misère du monde c'est beaucoup plus facile. Elle est là. Tout de suite à portée de main. Des cris, du sang...Ça saute aux yeux.
A la fin j'ai même l'impression que ça m'excite...Sexuellement j'veux dire.
Oui, bon.
Avec la beauté et la poésie, c'est plus laborieux.
Bizarre.
Elle est là pourtant. Faut juste arriver à lâcher ce qu'on est en train de faire. Lâcher ce qu'on a dans les mains. C'est très facile quand on a compris le truc.
Mais non.
"Dis moi Jull, qu'est-ce que c'est que cette histoire de branches d'arbre qui semblent fouetter les nuages?!? Et puis cette pluie qui tombe et qui passe à travers les feuilles rouges qui s'agitent et dont le goutte à goutte nous réunit!!? Je crois que tu t'es planté là! "
Vous n'entendrez pas Jull à la radio. Sauf si vous avez la bonne idée d'aller voir du côté des radios associatives.
Vous aurez surement du mal également à trouver son disque. Peut-être qu'en cherchant bien...Oui là, juste en dessous de ma chronique, il y a un lien. Il suffit de lui envoyer un petit mail.
Et si il vous arrive d'être déçu en écoutant le disque. Si vous vous dites: «n'importe quoi l'autre qu'écrit dans Back'n'Roll !!». Sachez qu'enregistrer un disque coûte un peu d'argent, et quand on est un ouvrier de la musique, on fait avec ce qu'on a. «L'indulgence est la porte d'entrée à toutes les voluptés». (Oui bon ça va ! Elle est de moi celle là.)
Non, la seule chance d'être pleinement ému, de capter la générosité des guitares, de s'enivrer de textes mystérieux soutenus par cette rythmique de vieux coquins ; c'est d'aller le voir, lui et ses acolytes, en concert.
Malheureusement, je crois qu'on va devoir faire comme avec notre opinion. Vous savez celle qu'on doit écrire sur un petit bout de papier, en faire une boulette, et la déposer délicatement dans notre rectum.
Il y a pourtant plein de salles de concerts. Plein de festivals l'été. Pff.. Mais que font les programmateurs!?
 - Allo ? Qui ça !? Jull ?! ... Ha oui, j'ai bien reçu votre mail d'il y a 15 mois, et j'allais y répondre justement. Ne soyez pas trop pressé tout de même. Dans notre milieu c'est pas du tout comme ça que ça marche.. Comment? Est-ce que j'ai écouté votre album? ...heu...bien sur...hum...et je l'ai trouvé d'ailleurs un peu trop...enfin...disons que sur la fin...il y a comme un je ne sais quoi de...bref, vous voyez ce que je veux dire? Et puis vous programmer aujourd'hui, comment dire, c'est un peu prématuré vous trouvez pas ? Il est sorti il y a combien de temps votre disque ? Il y a 15 mois ?! Ha d'accord, donc vous avez pas de presse rien du tout. Bon, ben voilà, c'est vite réglé cette histoire car comment je vais faire pour remplir ma salle. Une première partie ? Ha ben vous êtes pas gêné vous !? Non, ce que je vous propose c'est de me rappelez quand vous aurez des nouveaux morceaux, voir un nouveau disque, oui voilà d'ici deux ou trois ans et on verra ce qu'on peut faire. Et surtout n'hésitez pas à nous tenir au courant !! A + !
Alors la prochaine fois Jull, tu me le passes et je lui expliquerais comment, le 28 février 2014, j'ai vraiment été habité à ton concert.

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