Black Zombie Procession
- Écrit par Erwan
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Black Zombie Procession est un groupe référencé et dont chaque note, chaque image, renvoie à quelque chose. Mais si certains jouent avec ces codes gentiment genre clin d'oeil de connivence amical et tape dans le dos, les BZP seraient plutôt du genre à maltraiter, triturer et passer dans une moulinette à grosses dents tout ce qui peut être à proximité de leurs cerveaux saturés d'hémoglobine au jus d'airelle et de culture bis à 2 francs six sous. Nasty Samy en élève assidu du bon Dr Frankenstein agence depuis maintenant presque 10 ans sa créature qui tend de plus en plus vers les penchants extrêmes de son créateur. Horror-core, Thrash à l'ancienne, Metal 90's, on peut essayer de coller toutes les étiquettes possibles sur le dos de la bête, celles-ci ont toujours tendance à se décoller pour ne laisser apparaître que la chair à vif, purulente et fourmillante d'asticots. Avec ce 3eme album, « Volume III : the Joys of Being Black at Heart», Black Zombie Procession a ouvert la chasse aux goules, ils ont fourbie leurs armes à l'acide et leur appétit semble encore insatiable!
Le concert de ce soir ne fait pas mentir la réputation du groupe. Après une première partie assurée par Nothing to Prove, efficace, direct mais manquant d'un peu de mordant dans le chant et l'attitude avec le public, Black Zombie Procession enchaîne sans mise en scène putassière, à peine une légère BOF martiale que n'aurait pas renié un T 800 en goguette.
La mise en chauffe est rapide, pas le temps de prendre ses marques, les gars sont là pour tirer à vue. Le groupe développe un son de bulldozer, carré et massif, avançant sans répit dans le but évident de curer jusqu'à l'os le cerveau du spectateur consentant et légèrement masochiste. Les influences sont nombreuses et les citer pour se faire mousser n'avance à rien dans le cas de BZP tant, plus que le style pratiqué, c'est l'impression laissée par le groupe qui compte. Avec un jeu sec et sans fioritures, Fre derrière sa batterie impose une dynamique dévastatrice dès les premiers instants. Des vagues de folie semblent passer par intermittence dans ses yeux, aspirant la hargne de ses acolytes pour la restituer sans répits sur ses futs. Solide et précise comme ce devrait toujours être le cas dans un groupe un tant soit peu métal, la section rythmique pose les fondations du manoir des horreurs qu'est la musique de BZP.
Le coin étant déjà bien enfoncé dans les conduits auditifs de la cinquantaine de personnes présentes, Nasty Samy se fait un malin plaisir de parachever le travail à grands coups de butoir de sa six cordes. Le gars est concentré, tendu et démontre la précision de ses rythmiques tout comme les aspects plus mélodiques de son jeu, venant contrebalancer le défilé quasi militaire de grosses parties thrash à l'ancienne. ElieBats s'impose au centre de ce barnum de fureur, droit comme la justice (« la loi c'est lui !»), communiquant avec le public par le poing et la voix sans en faire trop mais de façon solide et authentique. Sa voix épaisse parachève l'impression de violence et d'inconfort que le groupe insinue sur scène et sur disque.
Le set s'achève comme il avait commencé, sans préalables ou faux rappel, pas d'artifice juste la lumière qui se rallume brute tandis que le groupe sort après quelques mots. Le public quitte la cave petit à petit au son de Glenn Danzig et autres Ice T pendant que les gars remballent le matériel sans tarder tout en échangeant quelques mots avec des spectateurs attardés les teeshirts encore suants, les muscles toujours tendus, le verbe sec. Pas de chichis on vous dit...