J'AI BOUFFÉ DANS LA CUISINE DE L'ENFER
- Publié dans Chartreuse Express
Marre et archimarre des clichés sur la Suisse qui occultent tous les talents que l'on peut rencontrer dans ce pays.
Banque, chocolat, fromage, coucou… Bordel, on a rien d'autre à foutre. Si notre historique jalousie pécuniaire franchouillarde ne nous empoisonnait pas la vie, on prendrait sérieusement du bon temps a aller voir du côté des Suisses. Mais voilà. Ils sont riches, nous sommes pauvres. Enculés.
Pourquoi donc les seuls qui ont pu réellement traverser la frontière sont Stephane Eicher et les Young Gods ? On a un sérieux problème en France. P'tête qui faut qu'on aille consulter.
Si vous aviez été a la soirée vernissage du dernier album des Hell's Kitchen à l'Usine à Genève, vous auriez été guéri. A jamais. Déjà, l'Usine abat de deux balles de chevrotine tous les clichés que l'on peut avoir sur la Suisse. Sincèrement allez-y voir.
A la base, grand fan de blues, les Hell's Kitchen ont vite été déçu de ce que les blancs avaient pu en faire. Le travail de "déclaptonisation" du blues entamé dés les débuts du groupe me plait toujours autant. Et si leur première démo, empruntait allègrement à Robert Johnson ou Skip James, ils ont en quatre albums imposé un son qui ne tient qu'à eux.
J'ai même envie de dire que Hell's Kitchen n'est absolument pas un groupe de blues. Quand ils ont rencontré le diable au croisement des routes entre Thonex et Puplinge, qui leur proposait de savoir jouer la musique en échange de leurs âmes, ils lui ont fait un gros doigt qui n'était pas mineur.
Le diable est blanc tout comme Dieu est noir.
Mais pourquoi je parle de ça. Il n'est absolument pas question de ce genre de choses dans leurs albums.
C'est entourés de fidèles amis, tel Sartain (l'un des meilleur ingénieur du son que ce monde est connu, parti beaucoup trop tôt), tel ce mystérieux TVO présent sur tous les disques, ou encore de David Weber, ami de longue date ; qu'ils enregistrent dans leurs cuisines, abreuvés de bons vins, de bonnes bouffes et de Williamine.
Si vous êtes des gens modernes, geeks abreuvés par Deezer, quatre albums vont sûrement vous faire peur. Mais je vous assure. Il n'y a absolument rien à jeter sur ces quatre disques.
Ecoutez "Gige" sur The Big Meal, le premier. Ou encore "My House" ou "Lumfo", sur Doctor's Oven. Ce deuxième album où le mixage du génie Sartain est une épopée en huit volumes. Mr Fresh sorti en 2009 a eu du mal à prendre sa place tellement nous n'étions pas encore rassasiés de Doctor's Oven. Pourtant, au hasard, une balade comme "Flowers" prouve sans ambiguité que cet album est important.
Bam ! Dress To Dig en 2011 co-produit par Rodolphe Burger, avec son tube "Teachers" qu'évidemment aucune radio n'a passé pour cause de quoi vous savez.
Et enfin, ce nouveau disque Red Hot Land. Encore une étape franchie avec justesse, où on les sent détendu, où chacun a parfaitement trouvé sa place dans ce trio.
A l'écoute, on veut chanter, danser, taper du pied et finir cette bonne vieille bouteille de rhum. Créateurs reconnu de pure single, on pense écouter la perle avec "Since I was a Child" et puis c'est "I Wanna Be The One" qui prend le dessus, et ensuite "Hey Ho Chica" qu'on écoute amusé.
Et même si le vieux rabat-joie que je suis peut être déçu par le côté plus brut, plus acoustique de la production quand on a adoré la déflagration sonore auquel ils nous avaient habitué, ce nouvel album est un peu comme le vin naturel ; le goût est étrange au début mais l'ivresse est bien plus agréable et la gueule de bois inexistante.
Bon, si vous ne me croyez pas, vous pouvez aller vérifier tout cela à La Source à Fontaine. C'est le 15 novembre 2014 aux alentour de 21 heures.
http://lasource-fontaine.eu/joy-hells-kitchen/8907/
http://www.youtube.com/watch?v=Y3VN9areJZE#t=16